Terminé
Je suis de retour.
je dois me réadapter au monde occidental.
Je suis largué
Dans moins de 3 heures, le retour.
22 heures de Cathay pacific.
Je deteste les touristes que je croise
ils me renvoient avec leurs shorts, leurs coups de soleil, leur guide a la main, ma propre image, celle de consommateur de voyage, bete, idiot, aveugle.
Ce qui me fait peur c'est que le theatre aussi cree ce genre de clientele soi disant eclairee.
Oui, il faut l'avouer, on ne voit rien, quand on voyage, ce que l'on decouvre c'est notre pays a nous, et a quel point nous sommes persuades que notre culture est la seule qui tienne la route.
Ce voyage a l'ile de Flores , c'etait pour voir notre fille et nos petits enfants, strictement familial>
J'ai vu qu'a 4 ans on s'accommodait mieux d'un pays qu'a huit ans.
J'ai decouvert le metier de ma fille ; partir en moto, arriver dans des villages, ou la population vous mange des yeux, enqueter sur leurs dates de rituels, enregistrer leurs chants, rester avec eux, sans pouvoir se doucher dans des conditions d'hygiene difficiles, recopier les chants, noter la musique, traduire, filmer, tout cela pour huit personnes passionnees dans le monde par ce sujet.
Voila ce que j'ai appris.
la question que je me pose ce matin ; Faut il se desoler de voir les anciennes traditions disparaitre ou faut il s'en rejouir ?
Je n'ai pas vu dans les villages, la misere de chez nous. Personne n'est seul et abandonne, les anciens sont respectes, mais c'est une misere tout de meme. Pas d'eau potable, des sols en terre,
je m'arrete, je n'ai pas les outils pour analyser tout ca , ma tete va eclater
Honi, l'hôtelière d'en bas, nous a apporté du thon grillé, offert par des pêcheurs SDF à qui elle prête son puits pour qu'ils puissent se laver de temps en temps.
Et je ne résiste pas à braver tous les interdits en puisant dans l'immense réserve de photo de notre ethno musicologue, Dana Rappoport, ce cliché qu'elle trouve ridicule mais qui m'amuse.
C'est le 4 novembre 2006, je ne sais pas où.
J'ai juste appris lors de ces quleques contacts de terrain, qu'ethnologue, c'est vraiment un métier difficile, car pour rien au monde , je n'aurais jamais dormi dans un de ces villages visités, qui provoquaient en moi un malaise civilisationnel grave.
On doit rapporter une cinquantaine de clochettes péniblement trouvées à Bali par un chargé de courses qui nous a harcelé une journée entière pour trouver les bonnes clochettes.
Il faut se rendre au village Waiklibang presqu'au boit de l'île.
Le prêtre de la cathédrale nous prête gentiment sa voiture.
25 kms, une heure, car c'est de la piste.
Petite halte pour donner des gâteaux au enfants et admirer les mandroves qui poussent dans la mer.
Bonne chaleur, d'autant plus que la manette de la clim me reste entre les mains.
Je dois rouler au pas, car les trous sont gigantesques.
Dana nous explique en chemin l'histoire de ce village.
En 1965, le gouvernement traque les communistes, et de peur qu'ils se cachent dans des villages de montagne a déplacé les villages le long de la route, afin de pouvoir les contrôler.
Le pittoresque village est donc devenu quelconque.
Mais les paysans continuent de faire leurs rituels de moisson dans le temple de l'ancien village.
Je me dis que remettre des clochettes, ne va pas nous prendre la journée.
Mais dans ce village, il y a quelques préséances à respecter.
saluer "le chef de la parole" un viel aveugle de 87 ans.
mais voilà, il y a eu un décès dans le village, et quoique déjà enterré, ouf, le chef de la parole veut dire des trucs graves.
C'est le maître du monde qui est mort dit-il, et l'univers monde est donc bouleversé, et ce serait blaspèmatoire de se rendre au temple, sans attendre la mort du cochon et sans avoir discuté avec les deux autres clans du village.
En tant qu'homme c'est à moi de le conduire.
On croise sur la route ses fils cadets à qui on remet les fameuses clochettes.
Ils les font sonner, les examinent longuement, sont satisfaits et en réclament encore plus.
Puis ce sont des grands conciliabules pour l'affaire du temple.
Les fils trouvent que Dana en tant que bienfaitrice aux clochettes, pourrait ne pas attendre la mort du cochon.
Au bout de deux heures de tergiversation, on finit par prendre un chauffeur, car la route est délicate, et nous montons au temple avec le vieil aveugle qui s'est trouvée une noix de bethel et un piment comme offrande traditionnelle.
le vieil aveugle à l'approche du temple me tire par le bras tant il connait son ancien village par coeur et se dirige comme s'il voyait.
le village est effectivement abandonné; quelques chèvres, c'est tout.
les gosses s'en foutent et se tapent la nitendo.
mais moi je dois tirer le vieux chef aveugle qui me parle en lamaholote la langue locale.
je crois en avoir fini, mais de nouveau le vieux chef profère un nouveau commandement.
On ne quittera pas le village sans avoir partagé un thé avec toute la communauté qui fête l'enterrement.
Des poules, du riz, des gâteaux, tout le village se rend à la cérémonie.
Mais le problème, c'est qu'ils décapitent sous mes yeux une sympathique chèvre.
je trouve ça horrible.
Tout le monde rit, parce que une fois la tête coupée le corps de la chèvre vibre encore une trentaine de secondes.
Je ne pense qu'à fuir au plus vite, mais il faut boire ce satané thé.
3 heures, cela nous aura pris la remise des clochettes.
Décidément je néprouve aucune empathie pour ce fatras de coutumes traditionnelles d'une cmplication extrême.
Pour couronner le tout, dana nous passe quelques films atroces où un devin lit la récolte future dans les entrailles d'un porc encore vivant.
Edith a acheté de la bière, on vide un fond de bouteille de vodka, ils ont apporté de l’Arak. Les discussions vont bon train. Faut dire que la terrasse est agréable, il ne pleut pas, il ne fait pas trop chaud.
On fait la connaissance d’Alberto, le frère du pays basque, chargé de l’initiation des jeunes à la pêche.
Et puis passe un groupe de jolies filles dans la rue.
Toutes se précipitent sur frère Alberto, il nous présente Olga.
Alberto dit que ce sont toutes des bonnes chrétiennes.
Et puis grande méprise de ma part, je découvre qu’Olga est un travesti... et une autre aussi.
Ces frères sont bel et bien vivants et ça c’est agréable, ils ne rentrent pas dans du tout dans les clichés « curé coincé » Il n’y a pas de doute, leur vocation nous fascine, et ces frères immergés dans le monde , s’y donnant tout entier, arrivant d’Haîti, du Togo, du Sénégal, ayant appris l’indonsien. Alberto, le basque espagnol, fait du théâtre avec ses jeunes pour les descriper un peu. Je me présente comme le frère laïque d’Audincourt. Edith ne peut pas s’empêcher de mettre le célibat et la sexualité sur la table, et moi de leur prêter le dernier bouquin de Michel Onfray, où il raconte les sévices qu’il a subis de la part des curés de l’orphelinat où il a été placé jeune, ce qui a développé en lui une haine assez tenace de la religion. Il développe le principe de la croyance en un Dieu qui est en nous et que l’on s’invente soi-même. C’est tout de même agréable de laisser affleurer les sujets tabous : préservatifs, homosexualité, pédophilie. Le problème c’est que j’ai abusé de la bière, et que de 22 H à 1 H 30 je reste comme un pachyderme vautré sur la terrasse.
Un des quatre missionnaires de Larantuka.
Il nous emmène avec Mawa une de ses élèves sur l'ile d'en face.
Il faut quinze minutes pour rejoindre Adonara.
Une heure de marche, on croise des paysans, c'est la récolte des noix de coco et du maïs.
Dana à son habitude se fait raconter l'histoire de l'ile par un vieux qui dit qu'il sait tout par hérédité.
Les portugais débarquent ici en 1515 etc.
Il est gêné de raconter devant le frère Stéphane l'histoire de la statue du Christ qui s'est promenée dans le village et a acheté un coq.
Dana fait ôter le tissu qui couvre cette statue du Christ
dans l'Eglise .
Le gardien est extrêmement gêné car il sait que la statue est en larmes à cause de l'approche des vacances de Pâques.
Au pied de la statue, un coq.
Stéphane a négocié avec Mawa l'idée que l'on déjeunerait dans sa famille qui est dans un autre village à 20 minutes de marche.
Ils nous servent le thé, une demi -heure après des maïs, puis vont tuer une poule.
On discute, on attend donc le repas pendant une heure et demie, et bien sûr la mama ne mange pas avec nous, le père, lui est aux champs.
Beaucoup de moustiques.
Le sujet de discussion , c'est sur le problème des coutumes. faut- il toujours les respecter ? Même quand elles nous semblent écraser les femmes.
Je suis choqué par le fait que les petites filles portent des fardeaux énormes, pendant que les garçons se tournent les pouces.
On laisse à la famille une petite enveloppe avec une fortune (50 000 roupies, l'équivalent de 5 €)
15 kms de moto.
Petit village en pleine forêt.
Léwotala.
Dana a étudié la fête de ce village où ils pratiquent une religion à eux, si j'ai bien saisi.
Elle a dormi dans la famille de l'institueur : Monsieur Pahali Soguen.
Je dis bravo. Car c'est une misère qui met mal à l'aise.
Ce jeune homme de 74 ans très affable traduit les textes des chants paysans
chantés à deux voix du lahamola (dialecte) en Indonésien. Excellent
marcheur il paraît qu'il se rendait à une école distante de 15 kms,et
faisait l'aller retour deux fois par semaine.
Sa fille, Hoa, nous a préparé des succulents beignets de banane.
Dana nous explique que les habitants de ce village sont très durs.
Surtout ce Monsieur à gauche, qui est le gardien du temple.
Notre simple présence attire du monde. ils aiment regarder les blancs (Bolé)
Voilà leur lieu de fête, le temple avec un toît en tôle, le luxe paraît-il.
Le village a été complètement détruit par un tremblement de terre, et reconstruit en plus moderne.
Sur le toît du temple, le crocodile, car ils seraient arrivés d'une île voisine en crocodile ! La légende.
On fait encore 3 kms assez périlleux jusqu'à Kawaliwu, au bord de la mer.
Nous sommes l'attraction.
La plage est dégueulasse à cause de la tempête d'hier.
Dana est en pleine enquête, elle interroge un pêcheur.
Ala fin de la discussion, il nous demande de faire quelque chose pour que les enfants désargentés du village puissent aller à l'école, car l'école est payante.
Je lui dis que dès mon retour en France j'en parlerais au président de l'Europe.
Et je l'invite à me rendre visite.
Quel odieux cynique je suis.
Je ne résiste pas à faire quelques clichés "couleur locale"
Elle mettra beaucoup de temps à mettre ses fagots de bois sur la tête.
Quand on rentre il pleut.
Dana nous fait écouter sa récolte de musique engrangée depuis le mois d'août. Les chants de route et de travail et de fête sont splendides.
Ils sont tous en train de disparaître, il n'y a plus que les vieux qui chantent.
Bon, pour Dana Larantuka est une base arrière avec prise électrique, pour ranger ses notes, et des chambres pour ses enfants.
Il ne faut pas se voiler les yeux. C'est fondamental.
Au moins ce style de chasse d'eau ne tombe pas en panne.
Pour se laver on se débrouille, c'est de l'artisanat.
la ville est assez sinistre, c'est un peu style pays de l'est.
La lampe de poche est fondamentale le soir.
assez kitch ce palmier en plastique.
le bord de mer pourrait être une plage, c'est un joyeux dépôt d'ordure.
C'est le lit de cette rivière qui peut monter en quelques secondes et dévaster notre quartier.
C'est le grand hôtel. c'est là que Dana est descendue en arrivant.
Il y a environ de 1 à 3 voyageurs chaque nuit.
Woni la patronne est devenue l'amie de Dana elle lui a prêté un lecteur de DVD.
Kolia avec son copain Renz.
Délicieux de le voir discuter en Indonésien.
le matin on fait la classe à Gaïa, son institutrice habituelle, Simone est en vacances. C'est Edith qui lui fait le cours d'Anglais.
Moi je fais les maths.
On m'a demandé de faire un cours sur la révolution française au Lycée Sma Negeri Larantuka. cela prenait une résonance étrange dans ce pays où il y a des castes et 40 millions de pauvres.
ici on circule à moto.
La moto est un des fondamentaux de l'Indonésie.
c'est assez agréable à vrai dire.
même quand il pleut
Grosse peur augmentée par le noir.
J'avais préparé mes affaires pour une évacuation rapide.
Renseignement pris sur la météo australienne, le cyclone George passait pas loin d'ici, d'où la violence inouie des rafales.
Dana n'a pas dormi.
moi d'un seul oeil.
Au petit matin ça c'est calmé.
Mardi 6 mars. 20 H 24.Nuit très noire.
la panne d’électricité dure ce coup là, elle a commencé vers 16H 45. Des arbres sont tombés sur les lignes électriques.
Enorme tempête, puis calme plat, puis un quart d’heure plus tard, pluie folle, et ceci depuis ce matin.
Les gens sortent peu. Kolia était quasiment seul à l’école, les gens ont peur.
Je me disais que l’on ne risque rien puisque la rivière est à sec, mais Frère Daniel nous a expliqué que le danger venait du haut de la montagne, où l’eau s’accumule puis dévale la pente d’un seul coup entraînant des rochers de plusieurs tonnes.
Ici, pas de service météo.
Alors les habitants du quartier racontent.
En 2003 notre maison est restée debout, mais celle d’à côté emportée.
Honi, amie de dana hôtelière, téléphone : "restez calme, priez ".
La cuisinière dit que nous n’avons pas assez nourri le Rajah.
Certains habitants veillent et nous préviendront. D'autres couchent en dehors du quartier.
Il faudra sortir vite avec un minimum d’affaires précieuses, monter sur la route et tourner sur la gauche.
“gardez la lampe de poche dans votre main en dormant”.
J’ai suivi les consignes.
J’attends.
La batterie du Mac marque 1 H 47 de batterie, et le téléphone n’est pas encore coupé.
On a disposé des bougies un peu partout.
Cela donne un peu de piment cette angoisse.
Dana qui a pris l’esprit d’ici, dit “si nous devons y passer, nous y passerons”.
Il est vrai qu’ici un ferry qui coule avec 300 morts n’est même pas un évènement.